Je vous avais dit dans un précédent message qu’une personne travaillant dans le domaine des champs électromagnétiques avait bien voulu me prêter un appareil mesureur de champs. Après plusieurs essais et sorties de résultats ponctuels et continus, il me dit que le mieux, serait de faire une mesure en utilisant toute la mémoire de l’appareil, avec des temps de mesure suffisamment rapprochés pour avoir une idée précise du phénomène. J’ai donc ramené l’appareil chez moi et ai décidé de noter les sensations que j’avais sur une feuille avec l’horaire, sans regarder l’appareil. De cette façon, je ne pouvais pas être influencée par la mesure du champ et me dire, que celle-ci étant élevée, je devrais avoir mal quelque part.
Les mesures
Les mesures ont été réalisées en juin 2007, pendant 34 h. Cela fait neuf mois certes, mais nous avons eu quelques difficultés à sortir les données de l’appareil et la personne qui a bien voulu m’aider a eu beaucoup de travail au niveau professionnel. Néanmoins, « tout arrive à qui sait attendre » !
Alors, tout d'abord, l'appareil : mesureur électromagnétique à 0,03 V/m de précision. Sonde EP 330 S
Mesures effectuées toutes les 10s pendant 34h 42’20 ‘’
Début des mesures : 7 juin 2007 à 15 h 00
Fin des mesures : 9 juin 2007 à 01h42’20’’
Les résultats
Les résultats des mesures sont présentés sur le graphe ci-après. Les mesures sont effectuées en V/m et l’échelle est logarithmique. Le chiffre 1 sur l’axe des ordonnées indique une mesure de 1V/m.
Je vous rappelle que la majorité des scientifiques (résolution de Salzburg, 7/8 juin 2000) estime qu’au delà de 0,6 V/m, il y a atteinte à la santé et que le seuil admissible serait de 0,3 V/m pour qu’aucun effet ne soit ressenti par l’être humain. ( avril 2006, Santini, et al,SantiniRogerTmAntennesRelaisArgumentsScientifiquesPrincipePrecaution2006Fr ). Je tiens aussi à rappeler que dans certaines zones de l’Europe, les normes sont encore plus sévères : Land de Salzburg (Autriche), 0,06 V/m pour l’extérieur des bâtiments et 0,02 V/m à l’intérieur des bâtiments, siège de la société BMW en Allemagne : 0,2 V/m. Maintenant, il est bon de rappeler que les normes françaises sont de …40 à 60 V/m, conformément aux recommandations par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), qui ne tiennent nullement compte des effets non thermiques des micro-ondes.
Donc, selon la législation française tout ce que je vais écrire n’est pas alarmant puisque les mesures sont très nettement en deçà du seuil de 40 V/m.
Comme vous pourrez le constater, les champs émis le sont de manière discontinue dans le temps. Ce n’est pas une nouveauté. Ils le sont aussi dans la puissance émise puisque les mesures vont de 0 à 1,12 V/m. On constate une forte fréquence d’émission entre 15 h et 2 h du matin sur les deux jours. Il n’y a par contre pas d’émissions significatives relevées après 3 h du matin et durant toute la matinée.
Les résultats de mes sensations corporelles sont notés en dessous du graphe, de manière à ce que la corrélation soit clairement visible. Les manifestations classiques que je ressens sont subjectives certes, mais il faut bien les décrire.
1/ sensation d’une modification électrique dans le corps avec tension au niveau de la tête.
2/ écrasement aux tempes et forte céphalées
3/ fourmillement dans le bras qui utilise la souris
4/ tension musculaire au niveau de la gorge.
5/ réveil nocturne avec contraction anarchique des muscles (identique à une crise de tétanie ou d’épilepsie)
6/ réveil nocturne avec douleurs musculaires (assimilées à des brûlures fulgurantes de quelques secondes)
Je me suis habituée à certaines douleurs, ce qui fait que je ne porte pas systématiquement la casquette dès que je ressens une modification dans mon corps. Par contre, dès que je mets la casquette, je ressens comme un relâchement, une détente aux niveau de mon cerveau, une sensation de légèreté. Je sens alors de façon plus intense l’effet électrique dans les muscles.
Comme on peut le constater, les céphalées arrivent après un pic d’émission au-delà de 1V/m et les douleurs sont difficilement tenables après une série d’émission sur 2 heures environ.
On remarque aussi que les émissions durent entre 8 et 10 h par jour et que les endormissements ne se font pas sans la casquette.
De plus, un réveil nocturne avec contraction musculaire est noté alors qu’il n’y a aucune émission de champs et d’autre part, un autre existe au moment de l’émission d’un pic à plus d’1 V/m.
Discutons :
Comme vous l’aurez compris, même si j’ai utilisé un matériel scientifique et que je présente les résultats avec le plus de rigueur possible, je ne prétends pas démontrer là quelque chose de « scientifiquement estampillé ». Toutefois, je pense que cela peut faire réfléchir certaines personnes, qui ne cessent de dire que ce que l’on ressent, c’est du « pipeau ».
La première chose qui m’a frappé lorsque j’ai confronté les données et mes notes est la similitude du timing. En fait, pour tout vous dire, je ne me souvenais plus de l’heure à laquelle j’avais commencé les mesures. Or, j’ai reçu les résultats sous forme de graphe avec l’échelle de temps que vous avez pu voir sous le graphe, à savoir T = 0 pour le début des mesures. Donc, au tout début, je me suis dit que si j’avais commencé les mesures le matin, cela ne collait pas avec mes observations. Donc, j’avais tout faux dans mes hypothèses. Puis, j’ai envoyé un mail à la personne qui m’a aidé pour lui demander l’heure de début. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant que cette fois, les pics d’émission correspondaient presque qu’à chaque fois à mes douleurs. Je me suis dit : on ne peut pas être plus clair ! Ce n’est pas un « match » comme on dit en anglais, mais cela y ressemble fortement à 80% environ.
Pour l’interprétation, je verrais plusieurs choses (volontairement, je ne rentrerai pas dans le domaine purement physiologique) :
- il semblerait que le début des douleurs apparaît après que le corps a encaissé une certaine dose de champs électromagnétique.
- d’autre part, il semblerait aussi que les douleurs deviennent aiguës après plusieurs pics rapprochés sur une courte période « environ deux heures ».
- enfin, l’endormissement difficile sans protection peut être causé par l’accumulation des doses d’ondes qui ont, on le sait, une action modificatrice de la production de la mélatonine, l’hormone du sommeil.
Je n’explique pas forcément bien le réveil nocturne avec des contractions musculaires : je peux seulement conjecturer à un seuil de tolérance dépassé par accumulation et, suite à un relâchement naturel des fibres musculaires durant la phase de sommeil, à une « restitution » des phénomènes électriques au niveau de muscles comme une pile qui se vide.
Par contre, le réveil nocturne au moment du pic pourrait signifier que l’onde électromagnétique interagit avec les ondes du sommeil pour les court-circuiter.
Evidemment, tout ceci n’est qu’hypothèses et je ne peux en aucun cas sur une seule phase de mesure, sans éléments scientifiques plus précis, me permettre de conclure à une preuve irréfutable de la création de mon électrosensibilité par les ondes émises.
Je tenais aussi à discuter de l’origine de ces ondes. En effet, compte tenu des heures d’émission, je me suis posée des questions. Il est à noter que je vis au 8ème étage d’un immeuble et qu’aucune antenne relais n’est présente dans le quartier où je vis. Il y a, à deux ou trois km à vol d’oiseau, des antennes radio assez puissantes sur un château d’eau. Je pencherais donc plus, compte tenu des horaires des pics à une source Wi Fi de l’immeuble qui polluerait mon environnement. Or, après enquête, j’avais découvert l’an passé un peu plus tôt que ma voisine du dessous possédait le Wi Fi. La seule chose dont elle m’avait asuré est qu’elle l’éteignait la nuit.
J’espère que cette petite expérience pourra se renouveler cette année dans ce lieu et dans un autre lieu.
J’espère aussi que ces résultats auront fait réfléchir certains, notamment les associations qui possèdent ces appareils de mesure et qui pourraient effectuer cette expérience facile avec différents électrosensibles parmi leurs membres. En étant un peu rigoureux, on peut amener les scientifiques à se poser les vraies questions pour monter des protocoles dignes de ce nom.
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